mardi 28 août 2018

Véronique Filozof.


Il y a 48 ans, le 26 Août 1970, un groupe de femmes se réunissait et déposait une gerbe sur la tombe du soldat inconnu "il y a plus inconnu que le soldat inconnu: sa femme". Ainsi naissait le MLF.

Fêtons donc cette journée en compagnie d'une femme! Le Strict Maximum jette son dévolu sur une artiste dont on parle trop peu, et qui à en plus bossé avec Chapo... Vous l'avez deviné tant l'évidence est grande, il s'agit de Véronique Filozof.

Véronique Filozof 

Artiste peintre, dessinatrice et illustratrice, connue pour ses dessins en noir et blanc à l'encre de chine, Véronika Sandreuter voit le jour le 08 Août 1904 en Suisse. Elle fréquente avec sa sœur Élisabeth et son frère Hans, peintre lui aussi, l'École des Beaux-Arts de Bâle pour y acquérir une formation par l'apprentissage de « la belle peinture »

Nature morte - 1956.

En 1922, désireuse de perfectionner son français, Véronique fait le choix judicieux de migrer en France. Elle y fait la rencontre de Paul Modin qu'elle épouse et dont elle aura deux enfants. Le couple se sépare en 1937.  
En 1940, elle épouse Georges Filozof, ingénieur aux Mines de Potasse d'Alsace à Mulhouse.

Lune et Soleil - 1957.

En juin 1940, l'Alsace occupée par les troupes allemandes, oblige Véronique à quitter Mulhouse. C'est le début d'un long et éprouvant exode. 
Elle rejoint le Périgord en 1941, où son mari est appelé pour diriger une mine de lignite. Elle se prend d'affection pour la région et ses habitants. Elle y vient en aide aux familles juives, aux résistants et se fait de nombreux amis parmi la population. Sa connaissance parfaite de la langue allemande est en cette période trouble particulièrement utile.

Le Périgourdin

Retour à Mulhouse en 1946.
La vie enfin paisible, elle se met à dessiner et à peindre à plein temps. Véronique a plus de quarante ans et travaille comme une forcenée exprimant par le trait de sa plume ou d'un pinceau " un besoin, une envie de peindre, de dessiner". Elle rencontre en 1948 Pierre Betz, fondateur de la revue artistique et littéraire Le Point qui lui apporte sa confiance en lui écrivant "Travaillez, continuez, vous êtes dans le vrai". C'est l'année de naissance officielle de l'artiste Véronique Filozof. Ses premiers dessins et toiles s'inspirent de texte de poètes, d'écrivains et forcément, de philosophes. 


Véronique Filozof - 1964

En 1951 elle expose pour la première fois à Paris où elle présente ses dessins en noir et blanc inspirés de son séjour dans le Périgord.
Alors inconnue, personne ne se rend au vernissage. Peu avant la fermeture la providence entre dans la galerie en la personne d'André Bloc. Il lui propose de publier un livre dans la collection Espace de la revue Architecture d'Aujourd'hui qu'il dirige. Ainsi naît le livre Le Périgord noir. Depuis ce jour une amitié profonde lie Filozof et Bloc. Véronique passe d'ailleurs de  nombreux étés à Sarlat, dans le chateau du Sirey amoureusement restauré par André Bloc.


A Paris, Véronique rencontre Malraux, Aragon, Colette, Sartre et bien entendu Cocteau qui est dans tous les coups. 
S'ouvre dès lors la route vers une reconnaissance artistique. Elle rencontre la peintre Aurélie Nemours avec laquelle elle se lie d'amitié, fréquente Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. 


Véro à pois et Pipou à poils.

Elle travaille avec Le Corbusier, en particulier pour une crèche placée en 1956 dans la chapelle de Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp. Chapelle dont elle réalise une série de dessins acquis par l'Etat.

Ronchamp la nuit.

Sa route croise celle des Chapo mais nous ne savons pas exactement quand. Elle illustre catalogues et documents pour la galerie de ses amis Pierre et Nicole qui exposent régulièrement son travail.


Galerie Chapo - 1972

Exposition Filozof chez Chapo -1987


Galerie Chapo - 1972

Le SM retrouve la trace de Pierre dans le livre " Veronique Filozof - La glorieuse" publié en 1986 :




Elle participe en juin 1956 à l'exposition Peinture d'aujourd'hui où elle confirme son talent aux côtés d'artistes déjà célèbres: Picasso, Max Ernst, Bernard Buffet, Jean Cocteau et Miró.
En 1959 sort l'ouvrage Le palais Royal raconté par Cocteau, vu par Véronique Filozof.



Le Palais Royal - 1959.

L'éditeur Robert Morel, publie certaines de ses œuvres comme Véronique Filozof au zoo en 1965. Son activité créatrice prend alors tout son essor. Au fil du temps, elle s'intéresse à des supports de plus en plus variés et aux formats de plus en plus grands. Elle travaille sur des décors muraux, comme à Manosque pour la fresque d'une école maternelle en 1972, ainsi qu'aux Pays-Bas en 1974 et réalise également des vitraux comme ceux de L'église De Cheuge en Côte-d'or.

Tapisserie d'Aubusson La Nuit Charbonneuse.

Fresque dans une école maternelle à Manosque.

Vitraux, Eglise de Cheuge.

Bas relief, immeuble le Médoc à Bordeaux.

Femme Engagée, Véronique Filozof est de tous les combats pour la justice, l'égalité, la défense des libertés, l'environnement.
En 68 Filozof estime que sa place est dans la rue, avec les étudiants et ouvriers. Alors âgée de 63 ans, elle participe aux manifestations et meetings à la Sorbonne.
Le 30 Mai 1969 sort le livre illustré MAI 68 sans autre texte que celui écrit sur les murs, affiches et banderoles de ses dessins.
Le lancement à lieu lors d'une exposition dans une galerie d'art rue de Rennes à Paris. Il s'agit là d'un reportage muet mais aux traits plus expressifs qu'un discours.


Livre Mai 68- 1969


L'art sacré est un domaine où Véronique prend une part active.
Les illustrations de La Bible en images en 57, Les chansons bibliques du Père Cocagnac en 1965 et La Haggada de Pâque en 1978 attestent de son attrait pour la spiritualité.

 Dieu et les hommes.

Pique-Nique après la procession, Ronchamp.

Véronique Filozof réalise sa dernière oeuvre La danse macabre, 40 dessins réalisés à l'encre de chine et exposés pour la première fois en 1967. L'ouvrage du même nom sera publié lui en 76 en hommage à son époux Georges Filozof et de son ami Emile Ruder disparus tous deux peu de temps avant.



La Danse Macabre.

Elle conçoit l'art comme une abstraction de soi "Il faut garder une synthèse sur laquelle il faut créer. Il faut savoir tirer des conclusions, ôter ses faiblesses. Tout cela a l'air si simple. Mais c'est difficile, simplement difficile"

Véronique Filozof dépose ses pinceaux le 

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