Il y a quelques mois, le Strict Maximum tombait amoureux de l'une de ses lampes. Vous n'êtes pas sans savoir que l'on aime parler des artistes que l'on soutient et c'est le cas du belge Wouter Hoste. Hasard de calendrier, sa nouvelle exposition parisienne débute dans quelques jours. L'occasion de mettre un pied dans son univers inspiré de la science, l'espace et la science-fiction. De la céramique made in Belgium créée dans un atelier mythique mais pas que... Laissons la parole à Wouter.
Bonjour Wouter Hoste, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Je suis un esprit créatif et un collectionneur d’art basé à Anvers. J’ai été diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers, département mode en 1987 et depuis j’ai toujours créé des vêtements pour hommes. Aujourd'hui, je suis le directeur artistique/designer indépendant de la marque «ANTWRP». Etre indépendant me laisse pas mal de temps pour faire d’autres choses. À côté de la mode, je peins aussi et bien sûr, je fais de la céramique. J'ai commencé à faire de la céramique, il y a environ 8 ans.
Comment êtes-vous venu à la céramique?
Il y a environ 10 ans, j'ai commencé à collectionner des céramiques du milieu du XXe siècle. Je n'y connaissais vraiment rien donc je devais tout apprendre. J'ai découvert un tout nouveau monde. Il y avait un processus d'apprentissage complet et très vite, j'ai réalisé qu'il était préférable de se concentrer sur une spécialité. J'ai donc décidé de me concentrer sur la céramique belge du milieu du XXe siècle.
Plus exactement, les travaux des studios Perignem et Amphora, deux studios apparentés devenus célèbres dans les années 50.
C’est comme ça que j’ai rencontré Elisabeth Vandeweghe. Elle est l’une des protagonistes de la céramique belge du milieu du XXe siècle. Fille du fondateur de l'atelier Perignem, elle avait pris la direction artistique de ce dernier (vers 1966) et plus tard, après la retraite de ses parents, la direction complète de tout l'atelier. Lorsque mon partenaire Harvey Bouterse et moi avons rencontré Elisabeth pour la première fois (vers 2010), c’était justement dans cet énorme atelier, situé à Beernem près de Bruges, il n’était plus utilisé que par d’Elisabeth mais comme par magie, il était resté intact depuis les années 50. C'était comme un décor de film ou un conte de fées…
Nous lui avons alors demandé de nous apprendre la céramique et elle accepta. Depuis, nous sommes les seuls artistes à avoir la chance d’y travailler.
Qu'est-ce que "Wouter Harvey"?
“Wouter Harvey” est le projet mode que Harvey et moi avons lancé. Nous fabriquons des vêtements de travail sur mesure pour les artistes. Nous avons développé un vêtement de travail beau et bien ajusté. Au départ, c’était pour satisfaire notre propre besoin mais très vite, il y eu une engouement auprès de nos amis et des collègues artistes. Nous avons une forte demande, mais nous ne travaillons pas avec des magasins, nous produisons à une petite échelle. Nous travaillons uniquement sur mesure et pour des besoins spécifiques. Nous aimons le contact personnel avec les artistes “clients”
Aujourd'hui, une grande variété d’artistes portent nos vêtements: des sculpteurs et des peintres mais aussi des musiciens.
Tous les jours, notre vie personnelle et notre travail sont intimement liés. Nous avons également traduit cette idée (notre mode de vie) dans nos vêtements et créé quelques basiques du quotidien tels que les chinos, vestes en jeans, un bon manteau, etc…. Tout sur mesure!
Revenons à la céramique. Quelles sont vos inspirations?
Je suis inspiré par l'esthétique de la science et de la science-fiction. Les éléments organiques s'entrelacent très souvent avec les éléments technologiques/mécaniques. Ray Kurzweil a écrit des livres très inspirants sur ce thème. J'ai même réalisé une série de sculptures (en 2015) nommées «Singularity» où les formes de vie et les machines se confondent…
J'aime les émaux métalliques, mais toujours en contraste avec des surfaces plus structurées ou sèches.
Comme nous travaillons au studio Perignem, nous avons la chance de pouvoir utiliser de très vieux émaux toujours en stock, certains datent des années 50. Nous utilisons ces émaux en contraste avec d’autres plus contemporains. Parfois, nous les créons nous-même.
Je fabrique surtout des lampes et des vases sculpturaux. Toutes les pièces sont uniques, fabriquées à la main.
J'aime développer une idée, pas simplement une pièce. Et explorez les différentes façons de travailler cette idée. C’est pourquoi je fais des séries. Je «construis» ces séries de la même manière que dans une collection mode. Bien que les séries puissent sembler différentes au premier coup d’œil, ensemble, elles se connectent et racontent une histoire.
J'admire les artistes qui ont leur propre style et dont le travail est reconnaissable tout de suite, de près comme de loin. J'espère que mon travail l'est aussi.
Avez-vous de nouvelles idées et/ou des projets pour les mois à venir?
Je travaille sur une installation composée de pots couverts inspirés des bouteilles industrielles, des réservoirs d’oxygène et des laboratoires futuristes. J'ai nommé cette installation «Interstellar Pharmacy». Ces pots sont dans de couleurs vives et audacieuses avec des inscriptions, comme des étiquettes. Très graphiques et puissants, ils ressemblent presque à du pop art contemporain. Quand j'avais 16 ans, le pop art fut mon tout premier choc artistique, alors je suppose que cet amour “pop” revient aujourd’hui dans mes créations.
Aujourd'hui, quelle est la place de la céramique en Belgique?
Je pense que non seulement en Belgique mais plus globalement, la céramique artisanale est une tendance énorme aujourd’hui. Tout comme dans les années 50 et 60, elle est en plein essor. En général, il y a un très grand intérêt pour le design fait main, une envie d’objets uniques. Je pense que ce sont des moments passionnants car l'art et le design fusionnent. La frontière entre l'art et le «design quotidien» est en train de disparaître. Les objets utiles tels que les lampes ou les vases peuvent être des objets d'art… et peuvent être collectionnés…
Quelles sont les céramistes belges que vous aimez?
Je collectionne donc les céramiques du milieu du XXe siècle de Perignem & Amphora. Comme je possède déjà une grande collection de leurs créations, je suis devenu extrêmement sélectif lorsque j'achète de nouvelles pièces. Je ne collectionne pas de céramique contemporaine (comme je les fais moi-même) mais plutôt de l’art contemporain. Principalement des peintures et des sculptures. Je suis un grand fan du travail d’artistes belges comme Renato Nicolodi, Caroline Van Den Eynden, Cris Brodahl, Stan Van Steendam pour ne citer qu'eux.
3 jours en Belgique, que nous conseillez-vous de voir?
J'aime souvent me promener dans les villes portuaires. Bien sûr, je recommande Anvers, l'endroit où je vis, ville culturelle et de mode. Mais aussi Gand, la ville où j’ai grandi, et Ostende sont également très agréables à visiter. Anvers possède un fantastique musée en plein air “Middelheim” avec une grande collection de sculptures du milieu du XXème siècle et d’autres plus contemporaines. A Gand, il y a en ce moment une incroyable rétrospective (ouverte depuis le 22 septembre au “SMAK”, le musée Municipal pour l’Art Actuel) sur le travail de Raoul De Keyser. Il est l'un de mes artistes belges préférés.
Où pouvons-nous voir votre travail aujourd'hui en Belgique et en France?
A Paris, je suis représenté par la Galerie Patrick Fourtin. Ma prochaine exposition débutera le 4 octobre à la Galerie Fourtin, 9 rue des Bons Enfants, 75001 Paris. Alors, save the date!
En Belgique, j'expose mon travail une fois par an au studio Perignem à Beernem.
Merci à Renaud Velin pour la traduction et l'adaptation.
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