Ce jeudi 07 mars est le vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques et comme 20 est la moitié de 40 alors tout porte à croire que nous sommes bien à la Mi-carême. L'occasion parfaite pour le Strict Maximum de vous sonner les cloches mais pas n'importe lesquelles.
On vous sonne les cloches de Paolo Soleri et qu'elles soient de Cosanti ou d'Arocsanti, en bronze ou en terre cuite, ça va sonner fort.
Mais au fait...Arcosanti, Cosanti, Soleri, c'est quoi, c'est qui?
Pour comprendre Acrosanti & Cosanti , il faut commencer par comprendre Paolo Soleri, architecte idéaliste qui n'a d'autre leitmotiv que de vivre en hormonie avec lui-même, ses voisins et la nature. Les idées de cet homme ,même si teintées d'ésotérisme, sont aujourd'hui plus que jamais d'actualité.
10 années plus tard, devenu papa entre temps puisqu'à l'époque ça semblait encore être une bonne idée, il retourne aux États-Unis mais en famille cette fois ci. Il fait l'acquisition d'un terrain à proximité du désert de l’Arizona. C'est là qu'il construit une autre maison à demi enterrée, la bien nommée Earth House. De construction rapide et économique elle est adaptée au désert : fraîche dans la journée, elle conserve une partie de la chaleur quand les nuits sont froides.
Bronzé en short et tongs, comme sur à peu près toutes les photos que l'on connait de lui, c’est là que Paolo Soleri passe ses journées entre son four à céramique et sa petite fonderie qu'il construit l’un à côté de l’autre et qui constituent ses principales sources de revenus. Fort de son apprentissage à Solimene, il réalise des cloches à vent en bronze et céramique ainsi que d’autres objets à partir de la terre limoneuse dont il dispose.
C'est dans ce petit paradis de que Paolo crée sa fondation en réaction au consumérisme ambiant. Pour lui "l'art de la survie coule dans le sang des hommes qui ont fait de l'essentiel leur existence. Très tôt je me suis aperçu qu'il était possible de vivre avec presque rien. J'ai toujours réprouvé le gaspillage". Soleri nomme sa fondation Cosanti, association des mots italiens Cosa+Anti , ce qui donne à peu près en français "contre les choses". La messe est dite.
La Fondation Cosanti promeut un mode de vie spirituel plus riche et un mode de vie matériel ramené à son strict nécessaire histoire de ne pas trop impacter l'environnement. Il y est bien entendu également sujet de la vision architecturale de Soleri qui tente de répondre aux besoins biologiques et spirituels de l'homme, tout en freinant notre propension à nous répandre.
La fondation devient rapidement une véritable école-chantier où des élèves viennent travailler de leurs mains et apprendre auprès d’un architecte talentueux qu'ils considèrent soit comme un génie soit comme un fou excentrique.
L’incroyable quantité de notes et de travaux sur ces villes est au cœur de l’exposition que lui consacre la Corcoran Gallery of Art de Washington et qui remporte un immense succès auprès du public. Invité à des expositions et à des conférences partout dans le monde, Soleri acquiert une grande notoriété, ses avis sont écoutés avec déférence dans le monde culturel et artistique et ses intuitions font l’objet de bourses de recherche.
Pour Soleri la ville est un outil nécessaire à l'évolution de l'humanité. C'est le concept de base du projet qu'il souhaite réaliser et pour lequel il collecte des fonds, et ça marche. Au tout début des années 70, il parvient à acheter une plus grande parcelle dans le désert et concrétise ainsi le rêve de sa vie.
Toujours aidé de fidèles bénévoles à tendance disciples, l'architecte édifie progressivement sa ville du futur qu'il nomme Arcosanti (architettura+Cosa+Anti = architecture contre les choses).
Arcosanti est réalisée presque de manière contre-intuitive puisque construite du toit vers le bas et de l'intérieur vers l'extérieur. Les espaces sont crées en formant d'abord une coque en béton sur un monticule de terre. Le sol est ensuite excavé, généralement à la main, laissant apparaitre la structure de l'habitation.
On peut être doué et pas convaincu.
Ce laboratoire urbain prône non seulement l’interaction vertueuse entre la nature et les êtres humains et accessoirement entre les êtres humains eux-mêmes, mais également l’utilisation intelligente des ressources locales afin de ne pas altérer l’équilibre d’un écosystème capable de se régénérer. Ce concept est la pierre angulaire d’un mode de vie abolissant le gaspillage et ne profitant des ressources que si elles peuvent être réutilisées. Cette tentative de vie collective idéale est autofinancée par la production d’objets artisanaux et quelques mécènes fidèles admirateurs de Paolo.
Contrairement aux autres architectes généralement connus pour ce qu'ils construisent, Paolo Soleri lui est reconnu pour sa contribution philosophique. Il parle d'arcologie (architettura+ecologia). Ce système cherche à atteindre une harmonie entre architecure et écologie dans des cités où l'utilisation de la dimension verticale atteint une efficacité maximale. En multipliant notamment la surface des terrasses et des jardins exposés au soleil via des toits végétalisés.
Aussi, Il considère que le développement d'une ville en hauteur réduirait sa surface à 2% de la surface d'une ville lambda actuelle.
Paolo Soleri décède en 2013 à 94 ans alors qu'Arcosanti est toujours en travaux. La mission de sa Fondation Cosanti toujours en activité devient de plus en plus pertinente dans le monde actuel. Si on prend en compte l'explosion démographique, l'épuisement des ressources naturelles, les propables futures pénuries alimentaires, le changement climatique, et notre société de consommation hors de contrôle, on se dit que notre pauvre Paolo n'avait pas vraiment tort.
Pour l'heure au Strict Maximum, nous pensons qu'il serait tout de même intéressant d'avoir une ou deux cloches en céramique de Soleri. Pour le reste on fait comme tout le monde, on verra plus tard: précisément quand il sera trop tard.
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