jeudi 7 mars 2024

L'arcologie de Paolo Soleri.


Ce jeudi 07 mars est le  vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques et comme 20 est la moitié de 40 alors tout porte à croire que nous sommes bien à la Mi-carême. L'occasion parfaite pour le Strict Maximum de vous sonner les cloches mais pas n'importe lesquelles. 

On vous sonne les cloches de Paolo Soleri et qu'elles soient de Cosanti ou d'Arocsanti, en bronze ou en terre cuite, ça va sonner fort.


Mais au fait...Arcosanti, Cosanti, Soleri, c'est quoi, c'est qui?

Un homme et son chien tournés vers l'avenir.

Pour comprendre Acrosanti & Cosanti , il faut commencer par comprendre Paolo Soleriarchitecte idéaliste qui n'a d'autre  leitmotiv que de vivre en hormonie avec lui-même, ses voisins et la nature. Les idées de cet homme ,même si teintées d'ésotérisme, sont aujourd'hui plus que jamais d'actualité. 


L'hisoire de Soleri commence véritablement en Arizona où il atterrit  en vue d'intégrer fissa l'école de Frank Lloyd Wright dont il partage la même vision de l'architecture.
Seulement voilà, une fois sur place c'est n'est plus la même. L'entente entre les deux architectes n'est pas au rendez-vous et le torchon brûle rapidement. Wright et Soleri sont régulièrement en désaccord. Paolo Soleri décide donc de quitter l'école et embarque au passage un de ses petits camarades de classe: Mark Mills.


Nos jeunes architectes s'installent dans le désert où ils font la rencontre d'un industriel qui leur confie la construction de sa maison. Ils y développent le projet de la Dome House. Une maison entièrement enterrée et couverte d'un dôme d'aluminium et de verre. Si l'on se figure mal l'association du désert, de l'aluminium et du verre, une fois les photos sous les yeux ça va tout de suite mieux.

Une dame et un dôme.

Dome House de loin.

Dome House ouverte.

Dome House dedans.

Le dôme achevé, Soleri retourne en Italie et se voit confié la construction de l'usine de céramique Solimene. Il emporte dans ses bagages une certaine Caroline Woods (la fille des propriétaires de la susnommée Dome House) et nous ôte ainsi tout espoir d'une romance sous le soleil avec son copain Mark.

Usine de céramique Solimene en Italie.

Bâtiment sinueux et ondulant comme s’il était creusé dans le rocher,  cet ouvrage est habillé d’une membrane isolante constituée par les bases des chutes de vases et d’amphores en terre cuite ou émaillées dans une couleur vert-de-gris. C'est là que Soleri se familiarise avec la céramique et y apprend les techniques de fabrication. 

Détail de la façade parées de bases d'amphores.

10 années plus tard, devenu papa entre temps puisqu'à l'époque ça semblait encore être une bonne idée, il retourne aux États-Unis mais en famille cette fois ci. Il fait l'acquisition d'un terrain à proximité du désert de l’Arizona. C'est là qu'il construit une autre maison à demi enterrée, la bien nommée Earth House. De construction rapide et économique elle est adaptée au désert : fraîche dans la journée, elle conserve une partie de la chaleur quand les nuits sont froides.

La terrasse de l'Earth House.

Une chambre de l'Earth House.

La salle de bain de l'Earth House.

Bronzé en short et tongs, comme sur à peu près toutes les photos que l'on connait de lui, c’est là que Paolo Soleri passe ses journées entre son four à céramique et sa petite fonderie qu'il construit l’un à côté de l’autre et qui constituent ses principales sources de revenus. Fort de son apprentissage à Solimene, il réalise des cloches à vent en bronze et céramique ainsi que d’autres objets à partir de la terre limoneuse dont il dispose.

Paolo Soleri en plein moulage.

On ne se lasse pas de ces photos du LIFE magazine.

C'est dans ce petit paradis de que Paolo crée sa fondation en réaction au consumérisme ambiant. Pour lui "l'art de la survie coule dans le sang des hommes qui ont fait de l'essentiel leur existence. Très tôt je me suis aperçu qu'il était possible de vivre avec presque rien. J'ai toujours réprouvé le gaspillage".                            Soleri nomme sa fondation Cosanti, association des mots italiens Cosa+Anti , ce qui donne à peu près en français "contre les choses". La messe est dite. 

Soleri côté fonderie.

La Fondation Cosanti promeut un mode de vie spirituel plus riche et un mode de vie matériel ramené à son strict nécessaire histoire de ne pas trop impacter l'environnement. Il y est bien entendu également sujet de la vision architecturale de Soleri qui tente de répondre aux besoins biologiques et spirituels de l'homme, tout en freinant notre propension à nous répandre. 

Soleri particulièrement fit.

La fondation devient rapidement une véritable école-chantier où des élèves viennent travailler de leurs mains et apprendre auprès d’un architecte talentueux qu'ils considèrent soit comme un génie soit comme un fou excentrique.

Paolo Soleri entouré de ses élèves, site de Cosanti.

Site de Cosanti.

Assisté de ses étudiants et de passionnés qui partagent les mêmes convictions que lui, Paolo Soleri continue les auto constructions sur le site de Consanti, plusieurs habitations entourent désormais sa Earth House ainsi que des espaces de ventes dédiés à sa production.

Habitation sur le site de Cosanti.

Si vous voulez des cloches, c'est par ici.

Espace expo-vente. Site de Cosanti.

Paolo, court vêtu, et quelques apprentis, site de Cosanti.

Toujours entouré, toujours court vêtu et toujours au boulot.

L’incroyable quantité de notes et de travaux sur ces villes est au cœur de l’exposition que lui consacre la Corcoran Gallery of Art de Washington et qui remporte un immense succès auprès du public. Invité à des expositions et à des conférences partout dans le monde, Soleri acquiert une grande notoriété, ses avis sont écoutés avec déférence dans le monde culturel et artistique et ses intuitions font l’objet de bourses de recherche.

Paolo Soleri, étude pour la Macro Cosanti Tower, 1964.

Paolo Soleri, Casabella, 1966.

Paolo Soleri, Space Habitat, 1969.

Pour Soleri la ville est un outil nécessaire à l'évolution de l'humanité. C'est le concept de base du projet qu'il souhaite réaliser et pour lequel il collecte des fonds, et ça marche. Au tout début des années 70, il parvient à acheter une plus grande parcelle dans le désert et concrétise ainsi le rêve de sa vie.

Le Sudoku c'est la vie.

Toujours aidé de fidèles bénévoles à tendance disciples, l'architecte édifie progressivement sa ville du futur qu'il nomme  Arcosanti (architettura+Cosa+Anti = architecture contre les choses).

Arcosanti est réalisée presque de manière contre-intuitive puisque construite du toit vers le bas et de l'intérieur vers l'extérieur. Les espaces sont crées en formant d'abord une coque en béton sur un monticule de terre. Le sol est ensuite excavé, généralement à la main, laissant apparaitre la structure de l'habitation.

On peut être doué et pas convaincu.

Ce laboratoire urbain prône non seulement l’interaction vertueuse entre la nature et les êtres humains et accessoirement entre les êtres humains eux-mêmes, mais également l’utilisation intelligente des ressources locales afin de ne pas altérer l’équilibre d’un écosystème capable de se régénérer. Ce concept est la pierre angulaire d’un mode de vie abolissant le gaspillage et ne profitant des ressources que si elles peuvent être réutilisées. Cette tentative de vie collective idéale est autofinancée par la production d’objets artisanaux et quelques mécènes fidèles admirateurs de Paolo.

Construction sur le site d'Arcosanti.

Contrairement aux autres architectes généralement connus pour ce qu'ils construisent, Paolo Soleri lui est reconnu pour sa contribution philosophique. Il parle d'arcologie (architettura+ecologia). Ce système cherche à atteindre une harmonie entre architecure et écologie dans des cités où l'utilisation de la dimension verticale atteint une efficacité maximale. En multipliant notamment la surface des terrasses et des jardins exposés au soleil via des toits végétalisés.

Aussi, Il considère que le développement d'une ville en hauteur réduirait sa surface à 2% de la surface d'une ville lambda actuelle.

Site d'Arconsanti.

Site d'Arcosanti.

Site d'Arcosanti.

Paolo Soleri décède en 2013 à 94 ans alors qu'Arcosanti est toujours en travaux. La mission de sa Fondation Cosanti toujours en activité devient de plus en plus pertinente dans le monde actuel. Si on prend en compte l'explosion démographique, l'épuisement des ressources naturelles, les propables futures pénuries alimentaires, le changement climatique, et notre société de consommation hors de contrôle, on se dit que notre pauvre Paolo n'avait pas vraiment tort. 


Pour l'heure au Strict Maximum, nous pensons qu'il serait tout de même intéressant d'avoir une ou deux cloches en céramique de Soleri. Pour le reste on fait comme tout le monde, on verra plus tard: précisément quand il sera trop tard.




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