dimanche 8 janvier 2023

Zimba quoi?


Une nouvelle année commence et le Strict Maximum profite de ce billet pour  vous la souhaiter pleine de surprises. Pour aborder en douceur cette nouvelle période de 365 déceptions nous avons planché sur le dossier Zimbacca. Car Zimbacca par-ci, Zimbacca par-là, mais au fond...

Zimbacca c'est qui? C'est quoi?

Derrière ce patronyme aux airs de formule magique se cache un inventif créateur de mobilier & un architecte de talent. C'est en 2015 lors des ses investigations sur un mystérieux Pierre Chapo que la folle équipe du Strict Maximum repère pour la première fois le tout aussi mystérieux  Dominique Zimbacca. N'ayant pas pour habitude de courir deux lièvres à la fois, nous avons laissé de côté Zimbacca pour mieux le retrouver aujourd'hui. 

Clope au bec et Zimbacca.

Né à Paris de parents syriens, Jean-Pierre Zimbacca dit Dominique (ça on ne se l'explique pas) intègre les ateliers libres d'architecture de l'Ecole des beaux-arts où il suit les cours de Chappey puis ceux de Faugeron. Il y fait une rencontre  décisive en la personne d'Hervé Baley, étudiant lui aussi.

En profond désaccord avec l'institution des beaux-arts et l'enseignement qu'ils considèrent en total décalage avec la réalité contemporaine,  Zimbacca & Baley s'entendent à merveille sur leur rejet commun de l'architecture moderne et radicale.

A la mort de Le Corbusier en 1965, les deux amis cosignent une tribune  dans le numéro spécial sur Le Corbu de la revue Aujourd'hui, art et architecture. Dans cet article  à charge, les deux amis démontrent à quel point ils tiennent pour responsable Le Corbu de cette production de masse utilisée non pas pour répandre des chefs d'oeuvres mais pour produire des maison vulgaires et laides, un monde fermé, abstrait, centré sur un vide que l'habitant déraciné cherche à combler.

Hervé Baley, tout aussi étonné que vous.

Si l'école des beaux-arts ne leur sied pas, c'est tout de même là qu'a lieu la révélation avec l'exposition "l'oeuvre de Franck Lloyd Wright" qui s'y tient en 1952. Elle présente son travail alors relativement méconnu en France. Zimbacca & Baley y découvrent une architecture exempte de toute tradition académique et l'incarnation même d'une architecture de la liberté.
L'architecture organique de Frank Llyod Wright est une philosophie architecturale basée sur l'harmonie entre l'habitat humain et son monde naturel, recherchant l'intégration au site et faisant du bâtiment et de son mobilier une composition unifiée et intriquée à son environnement. 

A partir de cet instant les deux amis vont étudier avec passion, chacun à leur manière, le travail et les dogmes de  l'architecture organique de Wright. 

Resiley house, Frank Lloyd Wright.  

Sans obtenir un quelconque diplôme nos jeunes frondeurs profitent que le secteur de l'architecture privée ne soit plus réservé aux agences dirigées par de vieux coucous détendeurs du prix de Rome et créent l'Atelier de l'Art et d'AménagementIls y engagent tout de même un collaborateur architecte diplômé, donc officiellement reconnu, ce qui peut toujours s'avérer utile en cas de besoin. 

Après deux trois chantiers et aménagements intérieurs, la collaboration entre Zimbacca et Baley prend fin sans pour autant obérer leur amitié. Les raisons de cette séparation ne sont pas clairement connues, on sait seulement que  Baley est le seul architecte dont Zimbacca se sent proche mais l'estime trop dogmatique et autoritaire pour continuer de  travailler avec. Baley conserve l'agence et Zimbacca prend le large. 

Sans commandes architecturales Zimbacca se concentre sur l'aménagement et le mobilier. Créer du mobilier lui permet d'affiner ses théories, il en confie d'abord l'édition à Françoise Sée et Pierre Chapo. 

Ensemble édité par Pierre Chapo.

Détail de la table éditée par Chapo.

Zimbacca souhaite réapprendre le langage de l'artisan. Il se tourne vers des essences locales et le bois de récupération, magnifiant ses défauts pour en affirmer la valeur esthétique. Le mobilier de Zimbacca incarne sa démarche organique qui gouverne l'ensemble de sa création, préférant l'individualité à la standardisation.

Zimbacca assemblant la table 09 pavés vers 1975.

On retrouve dès les premières pièces les poncifs qui constituent l'essence de sa production: l'usage du motif de la pointe de diamant permettant d'encastrer des poutres de section triangulaire pour composer le meuble comme une charpente.

Table basse, Magen H Gallery.
Chaise, Magen H Gallery.

Fauteuil "Râ", photographié dans le jardin de Zimbacca.

Il utilise également le principe de la stéréotomie afin de composer des meubles faits d'empilements de bois dont résulte une impression de robustesse et d'équilibre. Il s'entoure de nombreux artisans qu'il veut actifs dans la création dont l'artisan-menuisier Jacques Mauraisin qui l'accompagne sur de nombreux chantiers et réalise la majeure partie de son mobilier.

Réclame avec la table neufs pavés, vers 1980.

Zimbacca se montre également particulièrement astucieux dans l'agencement intérieur de logement dont il doit optimiser l'espace. Tout d'abord il rejette la ligne droite, crée des lignes de fuites qui dynamisent l'espace et accentuent l'impression de profondeur. Ainsi l'œil ne s'arrête jamais sur une surface plane ou un angle droit mais glisse au fil des diagonales. Zimbacca soigne les détails et s'attache à créer des ambiances chaleureuses et conviviale jusqu'au dispositif d'éclairage en laiton réfléchissant une lumière indirecte et diffuse. 

Une des plus étonnantes réalisations est une structure de tasseaux reprenant le motif du mobilier Triton qui équipe un petit logement d'une HLM à Clichy.

Agencement d'un appartement à Clichy, chaise Triton édition Chapo.

Portique Triton à Clichy.

Deux expositions lui apportent "un peu" de reconnaissance. D'abord en 1963 à la Galerie M.A.I puis en 1965 à la Galerie Jeanne Ostier où André bloc, décidément partout, le remarque et lui consacre un article dans sa revue L'Architecture d'Aujourd'hui lui offrant ainsi une visibilité nouvelle.

Exposition à la galerie M.A.I avec Françoise Sée.

En 1979, grâce à cette parution dans la revue d'André Bloc il rencontre Edmond Lay, admirateur lui aussi de Frank Lloyd Wright, qui lui demande de réaliser le mobilier de la maison Auriol à Gabaston. Tous deux tiennent compte du travail de l'autre dans la réalisation de ce projet. Zimbacca y emploie de vieilles poutres récupérées lors de la destruction d'une partie de l'hôpital de la Pitié-Saplêtrière. Leur lourdeur, leurs lignes simples en font le prolongement de la maison et définissent  les différentes aires de l'habitation et leurs usages. 

zimbacca
Vue intérieure de la maison Auriol et du mobilier Zimbacca.

Zimbacca, mobilier & luminaire pour la maison Auriol.

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Zimbacca, actuellement chez lui.

A la fin des années 60, Dominique Zimbacca met en pratique ses théories architecturales. On lui confie la construction du centre paroissial Jean-XXIII à Saint-Quentin dans l'Aisne dont il ne pourra s'empêcher d'en construire également le mobilier liturgique ainsi que deux trois bricoles. 

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Centre paroissial Jean-XXIII.

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Autel liturgique, centre Jean-XXIII.

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Siège de célébrant, centre Jean-XXIII.

Si le centre paroissial est son unique bâtiment public, côté privé, il réalise une quinzaine de maisons, principalement situées en Île de France. 
Réalisées à partir d'une trame hexagonale, elles reprennent la même organisation articulée autour d'un espace central, carré ou rectangulaire, auquel il adjoint des développements se terminant par des angles à 60 degrés. Le développement de ses plans est à priori infini, à l'image de celui du développement des formes de la nature.
Elles répondent toutes  à la volonté de Zimbacca d'échapper à l'uniformité et de répondre aux besoins des habitants, sachant que Madame Dupont n'a pas les mêmes que Monsieur Durand.


"Je veux une maison qui a son opinion et ses petites manies. Une maison qui a son caractère et sa personnalité et qui dise à chacun sa façon de penser"

Plan d'organisation d'une habitation.

Sa première commande privée arrive au début des années 70 avec la maison Michard. Il vous faut savoir qu'à cette époque notre Zimbacca vient de fonder un groupe communautaire répondant au doux nom d' Art & Habitation.
Il considère alors son initiative comme l'aboutissement de sa philosophie organique de l'architecture et du travail. 
Dans un grand isolement et des conditions matérielles rudes, le groupe est organisé autour de Dominique qui initie les étudiants à l'oeuvre de Wright. Il partage avec eux sa connaissance du travail du bois. Certains de ces élèves participent au projet de cette maison Michard mais Zimbacca la termine finalement seul suite à la dissolution brutale du groupe. 

Maison Michard.

Vue intérieure de la maison Michard.

Vue intérieure de la maison Michard.

Le tour de passe-passe de notre magicien Zimbacca est de réaliser des habitations qui ont tout d'une grande sans forcément en avoir le prix.
En effet la clientèle de l'architecte est loin d'être des plus fortunées et il doit donc composer avec des budgets limités. Zimbacca cherche donc l'économie dans les matériaux mis en œuvre et non dans la réduction des espaces. Il utilise volontiers le Siporex, béton cellulaire doté de bonnes qualités physiques et thermiques et dont il à une parfaite maitrise. Puisqu'à budgets limités mètres carrés limités, Zimbacca joue également sur les dimensions psychologiques grâce à une ouverture presque totale du volumes de ses habitations ce qui augmente considérablement le sentiment d'espace et les possibilités d'agencement. Dans son livre Nouvelles architectures de maisons en France aux Editions Du Moniteur paru en 1979,  Dominique Amouroux nous fait remarquer que parmi tous les programmes qui y sont présentés c'est bien celui de Dominique Zimbacca, pourtant fort original et abouti,  qui vous coutera le moins cher.

Maison Zimbacca 1.

Quitte à être doué et à savoir faire bien avec peu, Dominique Zimbacca réalise pour son usage personnel deux maisons. La première en 1986 à Varenne-Jarcy dans l'Essonne puis une seconde à Tourouvre dans l'Orne en 1997. Pris d'une furieuse envie de se mettre au vert, il quitte sa maison dans l'Essonne pour l'Orne, emportant tout de même avec lui tout le mobilier sans oublier son épouse Geneviève.

zimbacca
Maison Zimbacca 2.

Autre construction remarquable, la maison Etienne en Savoie. Notons que c'est la maison présentée dans le bouquin de Dominique Amouroux, cité plus haut, qui motive Monsieur Etienne à passer commande chez Zimbacca.
Edifiée entre 1990 et 1993, ce après bien des péripéties, la maison Etienne domine le lac du Bourget. Invisible depuis la route, elle se dévoile au dessus de la frondaison des arbres. Elle dispose de deux nacelles de bois qui surplombent le lac, suspendues à la façade par d'importantes poutres, accentuant encore un peu plus l'aspect fantastique de la construction. 

dominique zimbacca
Maison Etienne.

dominique zimbacca
Maison Etienne.

Avec tout ça Dominique Zimbacca ne demandera son inscription au tableau de l'ordre des architectes qu'en 1982 chose sans doute liée à sa collaboration fructueuse avec Edmond Lay qui lui donne l'envie de sortir de sa marginalité jusqu'ici assumée.
En bon Zimbacca il finit par en démissionner en 2002. 20 ans c'est déjà bien. 

Si une seule chose était à retenir, ce ne serait ni ses meubles, ni ses habitations mais plutôt l'engagement total de Zimbacca envers ses propres préceptes architecturaux. Pas du genre à faire des concessions, Dominique Zimbacca s'est toujours autorisé la plus grande liberté de ton, restant en dehors de toute mode, toute tendance, loin de la pensée dominante et pour une grande partie de sa vie, dans une relative pauvreté matérielle. 

Sépulture de Dominique Zimbacca, Tourouvre.

Dominique Zimbacca s'éclipse sur la pointe des pieds en 2011. Nous terminerons ce billet sur la pensée éclairée de notre homme du jour, publiée en 1980 dans la revue L'Architecture d'Aujourd'hui

"Malgré les progrès foudroyants de la production de masse, malgré les destructions des villes et des paysages, malgré la menace de la modernité, voici aussi, peut-être, un nouvel art pour laisser espérer que le pire n'est pas toujours sûr, parce qu'il est bien rare que les choses arrivent telles qu'on les attendait"


dimanche 13 février 2022

Nom de code OD RM


«Pourquoi pas des livres ronds, carrés, triangulaires, troués, cubiques, reliés en bois ou en cuivre, imprimés sur des vieux papiers, de liège, filtre ou d’emballage, et même sans couverture, si c’est cela qui va de soi ?
Pourquoi faudrait-il qu’un livre ressemblât toujours à un autre livre ?
»
​​​​​​​
Robert Morel


Si d'aventure vous passer par Lyon ou pourquoi pas vous y rendre pour l'occasion, ne ratez pas l'exposition OD RM L'ARCHITECTURE DU LIVRE qui s'y tient au musée de l'imprimerie et de la communication graphique du 02 Février au 03 Juillet.

OD pour Odette Ducarre et RM pour Robert Morel, 04 lettres pour un duo qui révolutionne le monde de l'édition. 

Si les textes publiés par Robert Morel ne sont pas facile d'accès et de ce fait semblent réservés à une élite c'est sans compter sur le génie d'Odette Ducarre qui leur confère une apparence qui donne envie de s'en saisir et d'y plonger. Odette bâtit un livre comme elle bâtit une maison, sans jamais en trahir le texte, sans jamais en trahir l'habitant.

ROBERT MOREL

Denys Prache, premier relieur de Robert Morel se souvient "Quand arrive un livre signé Robert Morel, le chef d'atelier devient nerveux. Il sait que le travail à faire sera différent et que l'imaginaire d'Odette Ducarre, sans limites et totalement étranger aux impératifs techniques de l'industrie, l'obligera à jongler dangereusement avec son matériel... mais quel plaisir en même temps d'avoir à relier un livre autre"

C'est à l'occasion du centenaire de Robert Morel (22/03/2022) que le musée accueille une partie des collections de ses éditions. Les quelques 200 ouvrages présentés permettent de mesurer, si ce n'était déjà fait, l'importance de Robert Morel et Odette Ducarre dans le monde de l'édition.

ROBERT MOREL

ROBERT MOREL

ROBERT MOREL

Des artistes tels que Louis Pons, Jean Arp, Émile Gilioli, Marie Morel, Véronique Filozof et Georges Adilon ont collaboré avec les éditions qui ont publié Pierre Lieutaghi, Marthe Meyer, François Solesmes, Mireille Sorgue...Du beau et du bon. 

ROBERT MOREL
 

Si comme le Strict Maximum l'aventure OD RM vous passionne alors nous vous conseillons les trois ouvrages consacrés à  Odette Ducarre parus aux éditions Marie Morel : O, les 400 livres d'Odette Ducarre et Odette Ducarre l'architecture, tous disponibles ici.

ODETTE DUCARRE
O.

A présent nous sommes en droit de vous demander ce que vous faites encore avec nous alors qu'Odette et Robert vous attendent à Lyon et vous réservent bien des surprises. 


Pour les informations c'est par .



samedi 20 novembre 2021

La révolution Macrogauze.


Si le Strict Maximum vous revient en ce 20 Novembre ce n'est pas pour enfiler des perles en votre compagnie mais plutôt pour parler tissage. Nous allons aborder ensemble la vie et le travail d'un artiste dont nous avons eu vent il y a peu et qui mérite amplement sa place ici.  

Notre homme du jour est anglais, grand, brun et s'appelle Peter Collingwood mais ce qui est intéressant c'est qu'il est l'un des artistes textile les plus importants de ces 50 dernières années.


peter collingwood, tissage
Et hop.

Né en 1922 à Marvlebone, autant dire né on ne sait où, le jeune Peter Collingwood est d'abord destiné à être médecin histoire de perpétuer la tradition familiale. Bien que sentant rapidement que c'est loin d'être sa tasse de thé, Peter termine ses études. On ne sait pas  vraiment quand Peter Collingwood se met à tisser.

Tout semble débuter en Jordanie lors de son service national dans le Royal Army Medical Corps grâce à un métier à tisser improvisé avec deux chaises longues. C'est là semble-t-il que Collingwood tisse ses premières pièces; des foulards qu'il offre aux femmes officiers. A cette époque il reçoit en cadeau une tenture bédouine qui reste un bien précieux de longues années et le pousse à s'intéresser aux techniques de tissage du monde entier.

A son retour en Grande-Bretagne, c'est décidé, terminado la médecine! Peter prend les choses en main et contact le maitre tisserand Ethel Mairet auprès duquel il passe six mois à apprendre les techniques de tissage  élémentaires afin de se lancer dans de plus grands ouvrages.

peter collingwood
Peter Collingwood.

Il travaille ensuite avec deux autres tisserands de renoms, Barbara Sawver et Alastair Morton. Tous deux lui offrent la liberté de mettre en oeuvre ses propres idées et dieu sait qu'il en a beaucoup.

Peter installe son tout premier atelier en 1952 à Archway au nord de Londres. Il y construit son propre métier avec un peu plus que deux chaises longues cette fois-ci et y tisse de beaux tapis qu'il vend ensuite à de grands magasins.

2 tapis vers 1960.

Ca bouge réellement pour Peter Collingwood à partir de 1957, puisqu'il rencontre la providence en la personne d'Henry Morris qui vient de fonder une résidence pour jeunes artistes; la Digswell Arts Trust. Enthousiasmé par les débuts prometteurs de Peter, Henry Morris lui attribue une bourse, un appartement et un atelier. C'est là-bas que Peter rencontre le célèbre céramiste Hans Coper. Les deux artistes se lient d'amitié et participent une dizaine d'années plus tard à une exposition commune au Victoria & Albert Museum. 

peter collingwood, hans coper
Affiche de l'exposition Peter Collingwood & Hans Coper


Tapis vers 1967.

Vous vous doutez bien que ce n'est pas avec ses beaux mais simples tapis que notre Peter Collingwood va se faire un nom dans l'Art textile.  La renommée arrive lorsqu'il met au point une technique qu'il nomme le Shaft switching mais ne comptez pas sur nous pour vous l'expliquer. Nous savons simplement que cette méthode permet à Collingwood de tisser rapidement des dessins qui normalement demandent une mise en oeuvre beaucoup, beaucoup plus longue. Autre innovation à cette époque, la technique Anglefell

peter collingwood
Tissage Anglefell.

Le premier tissage Anglefell est le résultat d’une erreur de mise en oeuvre:  Collingwood  oubli de rabattre un côté de la trame d’une pièce qu’il tisse et plutôt que de passer une plombe à corriger le tissage, il décide de continuer avec ces non-lignes de trame parallèles. Ainsi né une nouvelle série de tissages épurés dont les trames et les chaines sont manipulées pour créer des formes géométriques. Collingwood sort petit à petit du cadre grâce à des ajouts de tiges métalliques qui lui permettent de structurer différemment ses tissages.

Collingwood au turbin.

Tissage Anglefell.

Angelfell et tiges.

Détail.

Peter Collingwood passe de ses Anglefells à son innovation suivante, celle qui lui vaut sa place au panthéon des tisserands: les Macrogauzes. Collingwood tisse en déplaçant les segments d'un certain nombre de fils de chaîne et les traverse en tissant de sorte qu'au lieu de suivre des lignes verticales parallèles les fils de chaine se croisent maintenant à des angles différents créant de nouvelles formes graphiques. Pas simple comme affaire.


 
    Collingwood concentré dans son atelier.

Macrogauze 1971.

Macrogauze 1973

Macrogauze 1975.

Macrogauze 1976.

En combinant ses différentes techniques Collingwood parvient à créer des structures en 3D à l'image de celle réalisée en fil d'acier inoxydable en 1997 pour le Performing Arts Centre au Japon mesurant plus de 2 mètres sur 4,5 mètres et pesant plus de 100kg.


Macrogauze 3D au Performing Arts Centre, Japon.

Peu avant les années 70, pour ne pas dire 1969, Peter Collingwood est mis à l'honneur lors d'une exposition à Colchester qui finalement fait le tour du monde participant ainsi à la renommée mondiale du tisserand.

Macrogauze 3D.

Macrogauze 3D.

L'artiste est auteur de plusieurs livres très influents sur le sujet dont le premier Techniques of Rug Weavind en 1968 reste le plus connu. Son préféré à lui est The Maker's Hand qu'il écrit en 1988 et dans lequel il analyse 100 structures tissées à travers le monde.

Macrogauze 3D, détail.

Le Succès des Macrogauzes lui permet de vivre entièrement et uniquement de ses talents de tisserand. Ses innovations et ses méthodes de production efficaces furent essentielles à son succès économique. 
Il obtient l'Ordre de l'Empire Britannique en 1974.

Macrogauze 1975.

Macrogauzes 3D, 1979.

Loin de faire comme le fil qui suit l'aiguille Collingwood parvint à créer un langage unique à travers ses tissages éthérés aux formes géométriques et ouvertes qu'il transporte vers le monde de la sculpture. 
Peter Collingwood ne cessera jamais de tisser jusqu'en 2008 où il déposera définitivement ses navettes.