Le Strict Maximum ne sait pas s'il doit ou non vous présenter Elisabeth Joulia tant elle est connue et reconnue des amateurs de la Borne... Mais si jamais parmi vous se cache une personne qui ne la connait pas, faisons en sorte -vite fait bien fait- que ce ne soit plus le cas.
Née en 1925, Elisabeth Joulia entre aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand à la fin de la guerre. Ses années de formation la conduisent à Paris où elle étudie la peinture, la sculpture et la fresque.
C'est au contact de Jean Lerat alors professeur aux Beaux-Arts de Bourges qu'elle s'initie à la céramique.
En 1949, Joulia débarque à La Borne, berceau ancestral de la poterie traditionnelle en grès, dont elle va activement participer au renouveau.
Durant trente ans, la céramiste transforme le grès, matière austère et brute qui semblait irrémédiablement confinée aux traditions populaires en formes organiques et sensuelles.
Si nous nous décidons ce soir au SM d'aborder le sujet Joulia c'est que nous sommes retombés sur une superbe série de photos réalisées par le couple Joly/Cardot en 1958 dans l'atelier de la céramiste.
Simplicité, rigueur, beauté, talent, un cocktail parfait qu'on vous laisse savourer.
Joulia -qui écrivait beaucoup au quotidien et dont certains poèmes ont été publiés- nous dressait la liste des ses "j'aime/j'aime pas". Ce qui nous laisse apercevoir la femme derrière la cruche.
"J'aime le citron, l'océan, les chênes, le jour en plein midi, les hêtres, les bouleaux, le pommier du Japon, le soleil, les lucioles, l'or l'argent, les asphodèles, les roses trémières, les pavots au milieu du potager, les potirons qui envahissent les allées, les cerises sauvages, les fraises des bois, les chats, les framboises, les cailloux, les chameaux, le désert, les ânes, les lacs. Voler en avion, le brouillard, les chats noirs, les chats roux, les fennecs et les caméléons, les amis quand ils ne sont pas en groupe.
Elohim (l'homme d'en haut), l'humour, les histoires et les paraboles, les nouvelles pour leur concision. L'or jaune, l'or blanc, les tâches de rousseurs, les enfants qui disent "non" aux adultes, la tendresse, l'amitié, les pins maritimes, la musique classique, les chants sardes, corses ou siciliens. Les pépins de pommes, le parfum du mimosa, du thym, les aigles et les papillons, soigner, masser, l'odeur de la peau au soleil et les cailloux, les cailloux encore les cailloux"
Allez, un petit café et je passe aux "j'aime pas"
"Je n'aime pas le vert, les réunions à plus de cinq, le rock et les drogues. Le plastique, les chiens qui aboient, les gens qui sifflent, qui rotent, ceux qui tiennent les animaux en laisse, les femmes parfumées et les hommes qui aussi sentent la guimauve.
Les chaussures à talons, les ongles rouges, le patchouli, les sapins, les thuyas, les autos, les motos, le bruit.
Je n'aime pas nager, l'eau froide, le froid, l'humidité (ndlr rappelons qu'elle vit à La Borne) la télé, les parents avec leurs enfants, les touristes, les gens gras, les hommes à bedaine en short l'été et même sans short, les petits adultes, les couleurs fluo, les femmes à gros cul dans les shorts, les menteurs, les radins les timbres poste avec Marianne, les uniformes, Adam (l'homme d'en bas) des mots comme "super" "expo" les diminutifs, les violents et les mous, les modes, les couleurs gueulardes en céramiques"
Pas commode vous avez dit?
Lien du sang et lien du cœur, un grand merci pour ce portrait dans lequel je la retrouve dans son entièreté, admirable.
RépondreSupprimerNée en 62, je l'ai vue à partir des années 80,je n'avais jamais eu l'occasion de voir des photos d'elle "jeune et dans son atelier" : qu'elle beauté, qu'elle pureté ! Merci merci merci ;-)