samedi 13 mai 2017

En voiture Simone!


Vous connaissez Jean, sans aucun doute, mais connaissez vous Simone, Simone Prouvé?
NON?!
Remerciez dieu, nous sommes là.
Née en 1931, Simone est la fille de Jean et comme papa, elle à la création dans le sang et son truc à elle, c'est le tissage.

Simone.


Depuis toute petite, accompagnée de Maman Prouvé,  Simone coud, assemble, brode, raccommode, on lui reconnait avoir le sens du fil

Fortement dyslexique, l'école est un enfer. La petite Simone trouve refuge dans la couture, même s'il faut coudre en cachette sous la table.
En 1949 à 18 ans, soutenue par ses parents elle quitte Nancy pour apprendre à tisser à Paris et suivre un stage chez Mme Pingusson, épouse de l'architecte Georges Henri et ami de Jean Prouvé. 

Pingusson lui apprend le fonctionnement le plus simple du métier, comment se monte une chaine, comment s'enfilent les lisses. Ce stage des plus fructueux suffira pour le démarrage, pour Simone, tisser est de l'ordre de l'intuitif.

Simone en 1950 avec ses figurines à la galerie DinaVierny.


Jean, relativement débrouillard, fabrique alors à sa fille son premier métier à tisser pour lui permettre de s'entrainer.

Peu de temps après ce premier stage parisien, Simone mets les voiles, direction la Scandinavie. Parce que Simone, elle est comme ça, elle aime voyager, bouger, elle ne tient pas en place. Là bas, elle est décomplexée. 
Simone perfectionne sa technique chez Alice Lund en Suède puis chez Dora Jung en Finlande.
De retour en France et aux Ateliers Prouvé, Simone entend les stagiaires ne parler que du Modulor, la grande invention de Le Corbusier. Pour chahuter son monde, Simone tisse alors une écharpe Modulor. 


Le Modulor du Corbu et un peu l'écharpe de Simone.


Constituée de deux bandes, l'une rouge l'autre bleue, d'une longueur d'1m40 elle y tisse à l'échelle les graduations des séries rouges et des séries bleues. Simone montre ensuite l'écharpe à son père qui illico lui en commande une seconde et l'offre à Le Corbusier qui la remercie dans son ouvrage le Modulor 2





En 1954-55, Simone commence sa collaboration avec Charlotte Perriand. De retour du Japon, Charlotte y avait fait fabriquer des étoffes avec des bandes de tulle tissées. Charlotte aurait aimé la même chose, mais Simone refuse. La premiere série de coussins pour Charlotte sera en laine.
A partir de 56, elle démarre la production de tissus pour banquettes en lin, laine et coton, au standard du Modulor. Banquettes qui seront exposées à la galerie Steph Simon. Piston? Vous n'y pensez pas.





Coussins et assises pour banquette Tokyo de Charlotte Perriand.


Elle tisse essentiellement des métrages écrus, gris, beiges, verts olive et noirs. Simone est donc SM vous l'aurez deviné.
Elle s'occupe également du tissu des banquettes Perriand pour le musée d'art moderne de Paris.
Elle réalise à la fin des années 50 sa première tapisserie à la demande de Joseph Belmont pour l'autel de l'église de Mazamet. 



Simone rencontre bientôt l'amour de toute une vie, André Schlosser, avec qui elle collabore de 1963 à 1989.

André dessine les cartons pour les tapisseries à venir, parfois de très petits dessins que Simone réalise ensuite. Elle interprète les dessins d'André librement, contrairement aux tapisserie d'Aubusson qui exige une reproduction exacte du carton.
A partir des années 70, le couple se lance dans la réalisation de tapisseries géantes, d'ouvrages hors-normes allant de 20 à 250m2 voir plus.
Au cours de la décennie suivante, les commandes de réalisations pour l'architecture augmentent et c'est ainsi q'une trentaine de commandes sont réalisées jusque 1989.







Une commande de l'architecte Reiko Hayama remet notre Simone en voiture pour son premier chantier, cette fois-ci en solo.
Afin d'honorer une commande pour un établissement bancaire à Reims et surtout de coller aux cahier des charges, Simone teste des fils non feu. La découverte des aramides -terme global de toute la gamme de fil non feu- passionne Simone et lui permet de surmonter, un peu, le départ d'André.



Elle teste progressivement le Celvyl, le Kevlar, l'inox souple et raide, la fibre de verre, la fibre optique et même le cuivre à partir de 2002.

Claude Parent lui commande une tapisserie pour la galerie commerciale Myslbek à Prague. Il dessine pour le hall d'entrée de grands carreaux en biais, Simone s'en inspire et le résultat lui plait.  Elle réalise alors 3 tapisseries carrées en inox de 3.60 m de côté.



Tissage pour André Bloc.


Après quelques chantiers et plusieurs tapisseries, nous arrivons au 11 mai 2017, date à laquelle Simone rencontre le Strict Maximum, et dieu que ça sonne.



Simone et une partie du SM à la galerie Mercier et associés


La galerie Mercier et associés expose jusqu'au 09/09 des tissages et à cette occasion, nous avons pu admirer son travail et rencontrer l'artiste.








Nous ne saurons que trop vous conseiller d'aller voir les tissages de Simone, cette artiste dont les oeuvres abstraites tiennent lieu de revêtement mural, de cloisons, de stores... Cette artiste dont le language est le fil et qui à travers lui donc, communique.





Allez hop, filez!



Simone Prouvé, Tissages
Du 11 mai au 9 septembre 2017
http://www.mercieretassocies.com/






3 commentaires:

  1. Hello
    Qui a dit qu'André n'est plus vivant ? Il vient d'avoir 80 ans et est en pleine forme !

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    1. Bonsoir ! Toutes nos excuses. En discutant avec Simone nous avions cru que. Mais non donc ! Nous effectuons les corrections de ce pas. Merci pour cette rectification !

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  2. Une lirette de Simone et André éclaire mon quotidien depuis plus de 40 ans et je les en remercie

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