mardi 20 octobre 2015

Pierre Digan.

Les lundis du Strict Maximum aux puces de Montreuil et St Ouen sont souvent pleins de surprises. Voici un objet bien de saison : une lanterne. Céramique noire de Pierre Digan, probablement réalisée à la Borne dans les années 60.






Cette lanterne a de faux airs de l'architecture de Pascal Hausermann ou d'Antti Lovag. Ce qui n'est pour déplaire au SM.
Pierre Digan a un beau parcours. Sa formation commence à l'école des arts appliqués de Beaune. Il se retrouve à la Borne en 1960, après avoir travaillé dans différents ateliers de poterie du Midi. Dans les années 1970, il dirige jusqu'à cinquante potiers et sa compagne d’alors, la potière anglaise Janet Stedman, a participé activement à l’essor de son atelier. Environ deux cents stagiaires et compagnons tourneurs sont passés chez eux entre 1967 et 1979. Une bonne partie s’est installée par la suite à son compte.

 Pierre Digan (à gauche) à La Borne, parution dans "Elle" vers 1965
 
Au plus fort de sa splendeur potière, Digan a ouvert une galerie, rue des Francs­ Bourgeois à Paris. Il exporte sa poterie utilitaire jusqu’aux États ­Unis. En association avec d’autres artisans, il vend même des claustras et autres décors de grès aux grandes entreprises de la France de Giscard : les sièges et bureaux de Publicis, de la Sacem, d’Air Inter, de Rochas ont été agencés avec du grès de La Borne : "Il y avait un goût pour l’artisanat et le fait main créatif, doté d’un design­ contemporain. À l’atelier, on vendait encore des services complets de vaisselle de grès. C’était une époque un peu folle"





En 1978, c’est la crise, le grès est moins à la mode : dépôt de bilan, conflits en tous genres. Il décide de passer à autre chose. Homme sans futur, il s’accommode aussi des ruptures. Avec le recul, l’échec est théorisé : "Notre société est rentrée à ce moment ­là dans une époque d’abondance qui a épuisé notre capacité d’intérêt pour les choses nouvelles et de valeur. On est tombé dans un gouffre de consommation", déplore l’ex­ roi des potiers.
C’est "à bord d’un vieux fourgon et avec juste 50 francs en poche", qu’il a débarqué dans le Limousin il y a trente ans.



Une cinquantaine de sculptures monumentales sont à voir au Pré aux sculptures à Saint-Martin-Château (Haute-Vienne):




Aujourd'hui, Pierre Digan possède une galerie à Limoges et se consacre donc toujours à la céramique...
De notre côté, nous passerons octobre à la bougie.




1 commentaire: