Les lundis du Strict Maximum aux puces de Montreuil et St Ouen sont souvent pleins de surprises. Voici un objet bien de saison : une lanterne. Céramique noire de Pierre Digan, probablement réalisée à la Borne dans les années 60.
Cette lanterne a de faux airs de l'architecture de Pascal Hausermann ou d'Antti Lovag. Ce qui n'est pour déplaire au SM.
Pierre Digan a un beau parcours. Sa formation commence à l'école des arts
appliqués de Beaune. Il se retrouve à la Borne en 1960, après
avoir travaillé dans différents ateliers de poterie du Midi. Dans
les années 1970, il dirige jusqu'à
cinquante potiers et sa compagne
d’alors, la potière anglaise Janet Stedman, a participé activement à
l’essor de son atelier. Environ deux cents stagiaires et compagnons tourneurs sont passés
chez eux entre 1967 et 1979. Une bonne partie s’est installée par la
suite à son compte.
Pierre Digan (à gauche) à La Borne, parution dans "Elle" vers 1965
Au
plus fort de sa splendeur potière, Digan a ouvert une galerie, rue
des Francs Bourgeois à Paris. Il exporte sa poterie utilitaire
jusqu’aux États Unis. En association avec d’autres artisans, il vend même des claustras et autres décors de grès
aux grandes entreprises de la France de Giscard : les sièges et bureaux
de Publicis, de la Sacem, d’Air Inter, de Rochas ont été agencés avec du
grès de La Borne : "Il y avait un goût pour l’artisanat et le fait main
créatif, doté d’un design contemporain. À l’atelier, on vendait encore
des services complets de vaisselle de grès. C’était une époque un peu
folle"
En 1978, c’est la crise, le grès est moins à la mode : dépôt de bilan,
conflits en tous genres. Il décide de passer à autre chose. Homme sans
futur, il s’accommode aussi des ruptures. Avec le recul, l’échec est
théorisé : "Notre société est rentrée à ce moment là dans une époque
d’abondance qui a épuisé notre capacité d’intérêt pour les choses
nouvelles et de valeur. On est tombé dans un gouffre de consommation",
déplore l’ex roi des potiers.
C’est
"à bord d’un vieux fourgon et avec juste 50 francs en poche", qu’il a
débarqué dans le Limousin il y a trente ans.
Une cinquantaine de sculptures monumentales sont à voir au Pré aux sculptures à Saint-Martin-Château (Haute-Vienne):
Superbe ! Bravo ;-)
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