Le mois de mars commence avec une nouvelle exposition à Paris -"Nuances de grès"- mettant un Bornois à l'honneur. Il s'agit de François Maréchal, né en 1945, céramiste discret ayant fait ses marques auprès de Jean Linard et les Beaux-arts de Bourges dans l'atelier de Jean Lerat.
La Galerie Prisme présente 18 nouvelles sculptures réalisées à l'automne 2018 et cuites dans un four à bois récemment construit. Et qui de mieux placée que la galeriste pour parler de ce temps fort? (mais pas que!)
Chancelia Debraux, vous présentez le travail du céramiste François Maréchal. Comment définissez-vous son travail?
François Maréchal est un artiste discret, son travail -qu’il effectue à la plaque- est très structuré, presque architectural. L’idée du rétrécissement de la base donne à ses vases ou sculptures une autre dimension qu’il accentue par des effets de matière en mélant à sa terre du sable ou des graviers et en jouant sur les contrastes avec ses engobes blancs sur la terre noire. C’est pour cela que nous avons choisi ce titre « Nuances de grès » pour cette exposition.
Il y a un an et demi, la Galerie Les Modernistes devenait la Galerie Prisme. Pourquoi ce changement après seize années d'activité?
Nous avons ouvert notre première galerie en 2002 dans le quartier d'Aligre avec comme fil conducteur le design d'après-guerre, les fameuses «trente glorieuses » Avec du mobilier, de la céramique et des luminaires. Parmi les designers présentés: Alain Richard, Pierre Paulin, Mathieu Matégot, René Jean Caillette, Charlotte Perriand, Pierre Guariche... la liste est longue ! En céramique, quelques pièces de Roger Capron, Georges Jouve, Jean et Jacqueline Lerat, Mado Jolain, Robert Deblander, et bien d'autres. Les modernistes évoquaient pour moi une époque, une ligne, le Bauhaus, l'architecture et cela collait bien aux scénographies XXème qu'on présentait alors à la galerie. Petit à petit, mes goûts pour la céramique ont pris le dessus sur le mobilier. Il fallait trouver un nouveau nom pour marquer ce tournant. Le nom des Modernistes nous collait à la peau, nous avons très vite trouvé Prisme pour évoquer le regard différent que chacun peut porter sur un même objet.
Avez-vous le sentiment qu'il y a un regain d'intérêt pour les oeuvres en céramique, que vous touchez une nouvelle clientèle de collectionneurs ?
La céramique fait partie du monde de l'art un peu partout en Europe, elle a tardé à accrocher le collectionneur français plutôt enclin à acheter du mobilier design, de la photo, des tableaux. En France, elle était réservée à un petit milieu de collectionneurs avertis. Depuis quelques années, un vent de « retour à la terre » semble s'emparer des nouvelles générations qui découvrent les possibilités infinies de ce matériau céramique à la frontière de l'art et de l'artisanat. La sculpture céramique ne s'est jamais aussi bien vendue...
Parmi les artistes représentés de manière permanente à la galerie, on trouve le couple de céramistes parisiens Andrée et Michel Hirlet que vous avez rencontré d'une manière plutôt atypique...
C'est en effet une vieille histoire qui remonte à 2004, Andrée Hirlet et moi étions assises l’une à coté de l’autre à l’hôtel Drouot. Novice, elle me questionnait sur le fonctionnement des enchères. De fil en aiguille nous nous sommes présentées, j’apprends qu’elle et son mari sont céramistes à Paris et je lui parle de mon métier. S’en suit une visite à la galerie. J'avais en vitrine un miroir en grès dont je ne connaissais pas le créateur, il s'est avéré qu'il était des Hirlet !
Cette rencontre est capitale dans mon parcours de galeriste. Je n'expose que des choses que j'aime, anonymes ou pas. Nous nous sommes revus dans leur atelier et l'idée d'une exposition s'est rapidement concrétisée. 40 sculptures en grès toutes époques confondues ont fait l'objet d'une petite rétrospective en 2005. Depuis, nous avons en permanence des sculptures du couple à la Galerie Prisme.
Les objets ont souvent des histoires, en avez-vous une à nous raconter sur l'un de ceux qui vous entourent à la galerie?
Il s'agit d'une sculpture des Hirlet justement. En 2009 en arrivant au 3 avenue du Père Lachaise, nous voulions mettre à l'honneur les artistes défendus depuis nos débuts à Aligre, et nous avions demandé aux Hirlet de nous créer une série de 30 bols pour l'inauguration.
Les plasticiens m'ont regardée un peu dépités car l'utilitaire n'a jamais été « leur truc ». Mais très imaginatifs comme ils sont, ils m'ont proposé de créer 30 pièces sur le thème du bol. Et sont sortis du four 30 magnifiques sculptures revisitant le bol.
Une exposition à nous conseiller ?
Vasarely à Pompidou, précurseur et résolument moderne !
Magnifique!
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