mardi 15 mars 2016

Sage folie à Saint-Germain-des-Près.



Ce soir, le Strict Maximum vous cause de Steph Simon.
Vous savez, ce Steph Simon que l'on voit souvent associé aux noms Perriand et Prouvé... La vérité, on ne sait pas trop qui c'est!
Mais ce soir, tous ensemble, nous décidons d'y remédier.


Steph Simon, coquin avant tout.

Ingénieur des Arts et métiers, Steph Simon devient au sortir de la seconde guerre mondiale l'agent commercial de l'Aluminium français. 
Ce groupe vous dit forcément quelque chose puisque votre cher et tendre SM vit dans un appartement SGAF (AF pour Aluminium Français). Cette société entre dans le capital des Ateliers Jean Prouvé en 1949. 




Donc c'est à cette époque que Steph Simon fait la connaissance de Jean Prouvé. Il devient même en 1951 agent commercial exclusif des "meubles des ateliers Jean Prouvé"
Il vous faut savoir que Steph Simon est un garçon téméraire et novateur à plus d'un titre... Témoin d'un braquage, il se lance à la poursuite de gangsters avenue des Champs-Elysées. Blessé par balles, il finit l'odyssée à l'hôpital.



En contrepartie, il reçoit une indemnité qui lui permet de saisir l'occasion de la vente d'une boutique et d'en faire sa galerie.
La galerie Steph Simon ouvre au 145 Boulevard Saint-Germain.





A la demission de Jean Prouvé des "ateliers Jean Prouvé", Steph Simon récupère le mobilier. Il en profite au passage pour libérer Charlotte Perriand, arguant que le départ de Jean ne la lie plus aux "nouveaux ateliers" Elle reprend alors son entière liberté d'édition sur ses créations.



Dans l'ère de la reconstruction, les architectes ont un rôle de premier plan. Le mobilier moderniste est soutenu par les salons comme celui des "Arts ménager" et la presses spécialisée. Mais peu de galeries prennent le parti de le diffuser.
Le concept Steph Simon va bien au-delà. Il créé dans son espace un bureau d'études chargé de concevoir des aménagements intérieurs  à la fois privés et industriels.




Prouvé et Perriand en tête assure la direction artistique de la galerie.


Le contrat liant Charlotte Perriand et Jean Prouvé à Steph Simon comporte une liste de meubles confiés en édition exclusive à la belle galerie qui se veut exemplaire.
Ils s'engagent aussi à créer dix modèles standards par an et à les adapter au gré des commandes; d'où certaines pièces rarissimes.
En échange, Steph Simon ne peut inclure d'autres créateurs sans obtenir leur accord préalable.




C'est ainsi qu'en complément la galerie s'enrichit des lanternes de Noguchi, des tabourets et plateaux importés du Japon de Yanagi et d'un siège en kit de leur ami Ketoff. 



Viennent ensuite enrichir la galerie les luminaires de Serge Mouille, la vaisselle de Jean Luce, des rouleaux de Georges Jouve, des grès de Pierlot et des tapisserie de Simone Prouvé dans le but de développer un véritable "art d'habiter"




Les années 70 arrivent et c'est la traversée du désert pour Steph Simon, il revend son affaire à Henri Michet en 1974.
C'est à ce monsieur que la galerie Laffanour achète en 2007 les archives Steph Simon d'où sont issus les photos qui illustrent ce billet.


L'incroyable Steph Simon est à l'origine d'une des plus belles aventures d'après-guerre et toujours d'actualité. 



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