dimanche 21 février 2016

Cavrois.

"A Madame et Monsieur Cavrois qui m'ont permis, grâce à leur clairvoyance, leur mépris de la routine, et leur enthousiasme, de réaliser cette demeure. Avec toute ma gratitude et la fidélité de mon amitié"


Ces quelques mots de Robert Mallet-Stevens nous laissent facilement entrevoir la formidable aventure qu'à été cette villa dans la vie de l'architecte.
Profitant de quelques jours de repos et d'un soleil plus que bienvenu, le Strict Maximum prend la route pour Croix pour enfin visiter cette fabuleuse, formidable, inénarrable villa. 


Conçue entre 1929 et 1932, elle est la réalisation la plus emblématique de l'architecte. Au début du XXème siècle, le nord est l'une des régions les plus industrialisées de France. Paul Cavrois dirige la société Cavrois-Mathieu fondée en 1865 qui fabrique des tissus haut de gamme pour des maisons parisiennes. 
En 1923, l'entreprise compte cinq usines et emploie près de 700 employés.





A la même époque, Paul Cavrois fait l'acquisition d'un terrain à Croix près de Roubaix. Il projette d'y construire une villa pour sa grande famille.




Dans un premier temps, Cavrois fait appel à Jacques Gréber -architecte prisé de l'élite locale- dans le but de faire construire une villa "néo-régionaliste" comme celles qui poussent comme des champignons sur la commune de Croix.
Ce projet n'aboutit pas. Au SM tout entier de pousser un grand "OUF"






Finalement, en 1929, Cavrois confie la construction à un architecte on ne peut plus novateur, Robert Mallet-Stevens.








La rencontre des deux hommes a certainement eu lieu à Paris lors de l'exposition des Arts Décoratifs de 1925 où le pavillon des productions du textile de Roubaix jouxte les réalisations scandaleuses de Robert Mallet-Stevens : le  pavillon et le square aux arbres cubistes des frères Martel.










Rien ne prédestinait Paul Cavrois et son épouse Lucie à commander une telle villa.
Sans doute ont-ils été séduits par la perspective du cadre de vie sain, confortable et moderne que promettait Mallet-Stevens.
La visite de la rue Mallet-Stevens tout juste terminée à Paris achève de convaincre le couple. Seule condition: respecter strictement le budget.







L'architecte élabore le projet en 1929 et trois ans plus tard, elle est inaugurée à l'occasion du mariage d'une des filles du couple.
Lors de la conception, il ne se limite pas au tracé des volumes, il dessine tout le décor intérieur jusqu'au moindre élément mobilier. En cela, il s'agit d'une oeuvre totale.




Durant la seconde guerre mondiale, la villa est transformée en caserne par les allemands. Au lendemain de la libération, les Cavrois font modifier la distribution intérieure par un autre architecte qui aménage deux appartements pour les fils de la famille.






Après le décès de Lucie Cavrois, en 1985, la propriété est vendue à un promoteur immobilier qui souhaite lotir le parc.
Le classement au titre des Monuments historiques en 1990 ne suffit pas à sauver la villa : ne pouvant mener à bien ses projets, le propriétaire la laisse volontairement se dégrader sous l'action conjuguée des squatteurs et des pillards.


Grâce à la mobilisation d'une association de sauvegarde, l'État se porte acquéreur d'une grande partie de la propriété en 2001. Après 13 années de travaux, elle retrouve son état de Juillet 1932.



Ci-dessus, deux vues du sous sol où une "salle des matériaux" à été crée suite à la rénovation. On y trouve les artefacts ramassés lors des travaux qui ont servi de base concrète pour le choix des matériaux et équipements.
13 années de rénovation contre 3 années pour la construction... il eût été plus simple et moins couteux de ne pas laisser le peuple faire n'importe quoi. Comme quoi parfois, une bonne dictature ça a du bon.

7 commentaires:

  1. " une bonne dictature çà a du bon " c'est un peu n'importe quoi ...

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    1. Cela se voit que vous n'êtes pas habitué à l'humour du Strict Maximum, on ne peut pas vous en vouloir...

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    2. L'humour c'est comme le café. C'est meilleur très noir.

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    3. Vos plus fidèles auront compris que vous plaisantez. C'est ce qui plait sur le Sm..."l'humour est une idiotie intelligente"

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  2. merci pour la visite
    tout cet espace, toute cette géométrie
    ça fait rêver

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  3. Aux prochaines élections dictatoriales, Votons SM !!!

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  4. Merci pour la visite. Une visite en chair et en os ce cette maison va s'imposer prochainement. Cela me rappelle combien j'avais aimé la Villa Noailles à Hyeres.

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