Le Strict Maximum pense que la plus proche parente de la résidence du Parc de l'Aulnay est la résidence des Grandes Terres à Marly le roi. Bien qu'il existe (il conviendrait d'ailleurs de dire 'il existait')des bâtiments comme les nôtres en France, ils ne sont similaires que d'aspect, l'esprit même de la construction y étant totalement différent.
Si ces deux résidences tendent à avoir de grandes ressemblances c'est au niveau du concept en lui même et ce n'est pas par hasard. Le dénominateur commun de ces deux résidences n'est autre que Jacques Beufé, l'architecte du Parc de l'Aulnay.
Au centre, Mr Beufé en pull marine.
Tout d'abord engagé en tant qu'architecte projeteur en 1950, il devint dès 1952 chef d'agence et directeur des études de l'agence Marcel Lods. Lods étant l'architecte des Grandes Terres, Beufé participe donc activement à sa création.
Construite entre 1952 et 1960, la résidence doit son aspect novateur à l'application des principes énoncés dans la Charte d'Athènes rédigée par Le Corbusier. Cette charte de 1941 établissait une critique de l'habitat et des villes et souhaitait que "les quartiers d'habitation occupent désormais dans l'espace urbain les emplacement les meilleurs, tirant parti de la topographie, faisant état du climat, disposant de l'ensoleillement le plus favorable et de surfaces vertes opportunes"
Sur un terrain découvert au hasard d'une balade à vélo, Marcel Lods sait de suite qu'il pourra y édifier un programme immobilier où les conditions de vies seront optimales.
Air - Espace - Verdure - Silence - Sécurité seront les piliers de l'oeuvre.
Le domaine des Grandes Terres à l'origine.
Appartement témoin narguant le Manoir encore debout.
L'ensemble de 1470 logements est reparti en 27 immeubles de type R+4. Ils forment au total 9 squares délimités par quatre immeubles chacun.
Les bâtiments sont répartis en périphérie du domaine de façon à dégager un espace libre d'environ 20 hectares; l'emprise des bâtiments n'occupant que 10% de la surface du terrain. Les immeubles sont implantés de part est d'autre d'un grand parc collectif agrémenté de terrains de sport et d'un point d'eau.
En bordure de l'ensemble complet se trouvent les équipements: parcs de stationnement, écoles, centre commercial, station service et garage.
Les créateurs de cette "ville neuve" réalise le tour de force d'éviter toute circulation mécanique à l'intérieur de la résidence. Cette heureuse conception présente l'avantage très appréciable du silence mais aussi de la sécurité, la route entoure le terrain et ne le traverse jamais.
Patio du centre commercial dominé par l'oeuvre d'André Bloc 'Signal'
Parking et ses chouettes voiturettes en périphérie de la résidence .
Les équipements de jeux pour enfants ont été particulièrement soignés. La charte d'Athènes préconisant que les espaces libres puissent "accueillir les activités collectives de la jeunesse"
Trop tard pour les jeux de squares.
Les Grandes Terres voient les premières applications de la préfabrications. Nous sommes au début de la construction industrielle de logement.
Chaque Logement dispose d'une loggia ou d'un balcon suffisamment spacieux pour en faire usage. L'héritage corbuséen se voit jusque dans la rationalisation des espaces intérieurs, chacun étant dévolu à une fonction. La partition jour/nuit est effective. La cuisine est purement fonctionnelle.
La résidence à également été conçue sur le principe de "l'unité de voisinage". Ce concept consiste en une plus grande implication de ses habitants. C'est dans ce but que la gestion de l'ensemble des Grandes Terres à de suite été confiée aux copropriétaires sur la base d'un bénévolat militant.
La vision de Lods et le travail menée par son équipe ont été doublement récompensés.
Dans un premier temps par l'obtention du Label Patrimoine du XXème siècle et dans un second temps, beaucoup moins officiel mais sans doute beaucoup plus important, l'installation dans le parc par les habitants d' une plaque rendant hommage à l'architecte de leur quotidien.
A l'écriture de ses lignes le Strict Maximum prend conscience des énormes similitudes entre le travail de Lods aux Grandes Terres et celui de Beufé au Parc de l'Aulnay.
Il est évident que la charte d'Athènes à également servie la construction du Parc de l'Aulnay.
Vue aérienne du Parc de l'Aulnay à Vaires sur Marne.
Les points communs sont nombreux entre les deux résidences. Comme pour les Grandes Terres : traversée du parc par véhicule impossible, centre commercial et écoles attenants à la résidence, parkings en périphérie, préfabrication et orientation des bâtiments...
Les seules différences se trouvent dans la conception même des appartements... Jacques Beufé semblant s'être clairement fait plaisir tout en appliquant ses acquis dans l'agence de Lods.
Cité lors de l'exposition consacrée aux 50 ans des Grandes Terres, Beufé est décrit comme un "précieux assistant des architectes concepteurs pendant toute la durée du projet".
Chers messieurs les architectes concepteurs, vous auriez dû lui confier l'agencement des appartements, Monsieur Beufé excelle dans ce domaine et dessine de très beaux placards.
Chers messieurs les architectes concepteurs, vous auriez dû lui confier l'agencement des appartements, Monsieur Beufé excelle dans ce domaine et dessine de très beaux placards.
Je suis boulversé de revoir ces images de mon enfance : j’ai habité aux Grandes Terres, squares des Aubades, de l’age De 3 ans a l’age de 12 ans, de 1968 à 1977. J’en garde un souvenir ému et joyeux. C'était Un espace extraordinaire pour les enfants, nous cavalions d’un bout à l’autre du square, tombions dans le bassin (exprès), sautions, grimpions à longueurs d'année. Les soirs d’été on s'interpellaient d’un balcon à l’autre. On s’attendaient les uns les autres et arrivions à l'école par groupe 15. On allaient faire des achats seuls au centre commercial, comme des grands mais en groupe et en sécurité. Nos parents se connaissaient, parfois se fréquentaient. C'était la vie de village. Grandir dans cet environnement a permis à mes parents de me laisser beaucoup d’autonomie, des habiletés sociales et le goût de la communauté.
RépondreSupprimerJ’ai souvent parlé des Grandes Terres à mes enfants, quand je leur ai fais lire votre article, ils m’ont dit « Haaa, mais on comprend mieux maintenant ! »
Il faut croire qu’au delà de la culture et de l'éducation familiale, le lieu, lui aussi nous imprègne et nous façonne.
Merci pour votre article